• INSTITUT CATHOLIQUE DE TOULOUSE

     

    «L’APOSTOLAT ACTUEL DES LAÏCS DANS L’EGLISE 

    Approches historiques, théologiques et juridiques

    (31 mars – 1er avril 2014)» 

     

                Du 31 mars au 1er avril 2014, s’est déroulé à l’Institut Catholique de Toulouse, le colloque «L’APOSTOLAT ACTUEL DES LAÎCS DANS L’EGLISE», organisé par Monsieur le Professeur Bernard CALLEBAT, Professeur à la Faculté de Droit canonique, Directeur de l'Ecole Doctorale à l’Institut Catholique de Toulouse, Directeur du Centre d'Etude et d'Histoire du Droit canonique, sous le haut patronage de S.E Mgr Nicolas BROUWET, évêque de Tarbes & Lourdes (Cf. Gazette Tolosane n°10). Nous avons dispensé, à cette occasion une conférence intitulée : «Les laïcs et l’Ordre du Saint-Sépulcre».

    Dans une première partie, nous avons exposé la mission séculaire des Chevaliers et Dames du Saint Sépulcre de Jérusalem, les définitions historique et canonique de l’Ordre. Dans une seconde partie, nous avons présenté les activités de l’Ordre, au travers de la spiritualité du chrétien et du chevalier. Le laïc a un rôle spécifique dans l’Eglise par le caractère qu’il reçoit au baptême et à la confirmation. Le fidèle participe en effet au sacerdoce royal et prophétique de Jésus Christ, du moins il a la triple qualité de prêtre, de prophète et de roi «Vous serez pour moi un royaume de prêtres» (exode IXX-5,6), «Vous êtes une race choisie, un sacerdoce royal, une nation sainte, afin que vous annonciez les perfections de Celui qui vous a appelé des ténèbres à son admirable lumière», (1° épitre de Pierre, II, 5.9). Les Pères de l’Eglise expliquent cette participation du chrétien au triple office royal prophétique et sacerdotal du Sauveur, en se référant à l’incorporation au Christ ; ce triple office est une réalité chez le chrétien, il n’a rien d’une fiction, c’est une vérité catholique enseignée par les Pères, les théologiens, et le catéchisme depuis le Concile de Trente. Le chrétien est chargé par le plan divin de prendre possession de la création au nom de Dieu. Cette royauté a pour but de réconcilier la création avec le Seigneur, et en cela elle est sacerdotale et tout chrétien baptisé se doit à tout moment de rappeler les droits imprescriptibles de Dieu sur sa création, et son caractère prophétique, Prêtre, roi et prophète. Saint Paul résume cette situation par ces mots : «Tout est à vous, mais vous vous êtes au Christ, et le Christ est à Dieu» (1° corinthiens III, 23). 

    Cette option sacerdotale, royale et prophétique qu’a reçue tout chrétien est distincte de l’onction que reçoivent les évêques et les prêtres, en effet certains fidèles du Christ ont été ordonnés par l’imposition des mains, et ont reçu mission d’agir en pasteur, en prêtre et en docteur. Le sacrement de l’Ordre est d’institution divine. Certains fidèles sont constitués ministres sacrés par le caractère indélébile dont ils sont marqués; ils sont ainsi consacrés et députés pour être pasteurs du peuple de Dieu, chacun selon son degré, en remplissant en la personne du Christ, tête du corps mystique des fonctions d’enseignement, de sanctification et de gouvernement. Le prêtre ordonné est également le ministre qui, en la personne du Christ, réalise le sacrement de l’eucharistie (c.900). Eucharistique est l’action du Christ lui-même et de l’Eglise, dans laquelle le Christ présent substantiellement sous les espèces du pain et du vin, s’offre lui-même par le ministère du prêtre à Dieu le Père, et se donne en nourriture spirituelle aux fidèles unis à son offrande (c.899 §1). Mais les fidèles du Christ sont appelés à exercer, chacun selon sa condition propre, la mission que Dieu a confié à l’Eglise pour qu’Elle l’accomplisse dans le monde (c.204). La Constitution Lumen Gentium rappelle : «La vocation propre des laïcs consiste à chercher le règne de Dieu, précisément à travers la gérance des choses temporelles qu’ils ordonnent selon Dieu. Ils vivent au milieu du siècle, c'est-à-dire engagés dans tous les divers devoirs des travaux du monde, dans des conditions ordinaires de la vie familiale et sociale dans leur existence et comme tissée. A cette place ils sont appelés par Dieu pour travailler comme du dedans à la sanctification du monde, à la façon d’un ferment, en exerçant leur propre charge sous la conduite de l’esprit évangélique et pour manifester le Christ aux autres, avant tout par le témoignage de leur vie rayonnante de foi, d’espérance et de charité». 

    L’apostolat du laïc qui découle de ces caractères royal, sacerdotal et prophétique imprimé par le baptême, est donc pour le chrétien un devoir, et non pas seulement un désir de répandre ses idées, ou de faire partager ses convictions. Ce n’est pas non plus un désir de domination qui l’anime. Le désir d’apostolat découle de la vie de foi selon Saint Jacques, dont il nous rappelle dans son épitre (II.14), qu’elle n’est vraie et vivante que si elle se manifeste par des œuvres. C’est la foi qui fait entendre aux chrétiens l’appel de ses frères, sans berger, fatigués, qui recherchent une lumière qu’ils ne peuvent trouver et qu’il appartient à chaque chrétien de communiquer comme Saint Paul dans la vision de Troas (actes XVI-9), entend en songe un macédonien qui lui dit : «Passe en Macédoine et viens nous sauver», chaque chrétien n’a qu’à écouter un peu autour de lui, être vraiment pleinement présent dans le milieu où il vit pour entendre cet appel inconscient de tous. Et dès lors qu’il a entendu l’appel il doit suivre l’exemple du Christ et apporter la vérité, «lorsque Jésus sortit de la barque, il vit une foule nombreuse, et fut saisi de pitié à leur égard, car ils étaient comme des brebis sans berger, alors il se mit à les enseigner longuement» (Marc VI.34). Comme le disait Sa Sainteté le Pape Pie XI, écrivant au Cardinal Gasparri : «La coopération des laïcs à l’apostolat hiérarchique doit être considérée par les fidèles comme un devoir de la vie chrétienne». Mais cette spiritualité va bien au-delà. Le chrétien qui est armé Chevalier, lors de son adoubement en recevant le sacramental du Grand Maître de l’Ordre, au nom du Saint Père, accepte des obligations qui excèdent celles des laïcs ordinaires, et dispose donc d’une moindre possibilité de choix de vie que les autres laïcs. Ils doivent en effet se distinguer par la qualité et le témoignage de leur existence personnelle, leur engagement généreux dans tous les aspects de l’apostolat des laïcs, ainsi que par leur appui à l’autorité et à l’enseignement du Saint Père et des Evêques. Chaque membre de l’Ordre représente l’Eglise d’une manière particulière et sa vie doit porter spécialement témoignage devant le monde, tandis que ses échecs discréditent l’Eglise, comme ses succès contribuent à la gloire de Dieu. 

    La spiritualité de l’Ordre est fondée sur la résurrection en raison même du lieu de rattachement de l’Ordre à l’intérieur de l’Eglise, c'est-à-dire le sépulcre vide, lieu où est célébrée la gloire de la résurrection, spiritualité qui est fondée dans l’espérance de celle-ci. Les Chevaliers ne doivent jamais oublier la parole du Concile exprimée dans Lumen Gentium (chapitre VI «Chacun des laïcs doit être devant le monde témoin de la résurrection et de la vie du Seigneur Jésus, et le signe du Dieu vivant»). Cette spiritualité de l’espérance et de la résurrection à partir du Tombeau vide, s’exprime notamment dans les habits liturgiques que les Chevaliers portent. Mais cette spiritualité ne serait rien sans les œuvres afin de retrouver la paix en Terre Sainte, d’une part par le dialogue inter religieux, et d’autre part par les actions caritatives : «Si tu oublies Jérusalem, que ma main se dessèche, Que ma langue s’attache à mon palais, si je cesse de penser à toi, Si je ne mets pas Jérusalem au dessus de toutes mes joies» (PS. 137).

    Outre les personnalités religieuses et universitaires, on pouvait relever dans l’assemblée, la présence de plusieurs responsables, chevaliers et dames de notre Ordre, particulièrement conscients et sensibles à la richesse de la réflexion menée durant ce colloque et à la diversité des approches scientifiques.

     

    Jacques-Romain DIVISIA

    Président de la Province de Montpellier

     

     


  • INSTITUT CATHOLIQUE DE TOULOUSE

    23-24 janvier 2014

     

    « Chrétiens d’Orient : histoire et identité»

     

    La situation des chrétiens d’Orient est actuellement très délicate en Terre Sainte, en Syrie, au Liban, en Égypte, en Iraq et en Jordanie. Le colloque international : «les Chrétiens d'Orient : histoire et identité», journées d’études de l’équipe de recherche CISA (Christianismes, Islams et Sociétés Arabes), organisé sous la direction de Madame le Professeur Marie-Thérèse URVOY, a permis d’établir très utilement une mise en perspective et de mieux appréhender la situation de ces minorités, en périodes de crises, par une analyse scientifique à la mesure des enjeux.

    Les Chrétiens d’Orient : histoire et identité

    Sans nous livrer à un compte rendu exhaustif de ce colloque, qui fera l’objet d’une très prochaine publication scientifique, citons simplement l’analyse livrée par Mgr Pierre Debergé (Montpellier-Paris), de la phrase de Paul aux Galates. L'existence d'une cellule chrétienne à Damas, au sein de la communauté juive, ne posait aucun problème car la ville comptait déjà de nombreux juifs. La pratique pastorale de Paul se distingue de celle des autres apôtres car elle ne recèle aucun critère ethnique, de sexe, d'homme libre ou d'esclave. Il est le héros d'une anthropologie nouvelle où tous les hommes sont égaux en Christ. L'évangéliste a voulu sauver les Galates alors même qu'ils avaient déjà rejeté l'Evangile, écouté de faux apôtres, et perdu leur liberté. Le professeur Pierre Bruns (Université de Bamberg), a étudié méticuleusement les 12 personnages du codex du IXème siècle. Le dialogue est une construction théologique, savamment établie, sur le type questions-réponses pour répondre à des problèmes exégétiques. Abraham de Tibériade invite les juifs à participer au dialogue pour confirmer l’Ancien Testament. Le moine, au sujet de la Sainte Trinité, émet l’hypothèse d’une seule substance, de trois personnes sans confusion mais d’une seule essence divine. Le R.P. K. Rizq, (Université de Kaslik) a mis en exergue l’ensemble des rapports de l’Autriche avec les Chrétiens d'Orient au XIXème siècle, à la suite de la Convention de Londres signée entre les pays de la quadruple alliance (Grande Bretagne, Prusse, Russie et Autriche) et l’empire ottoman. Le professeur H.O. Luthe (Université d’Eichstätt) s’est livré à une analyse très poussée de la diaspora des chrétiens d’orient, formée d’un ensemble de différentes confessions, qui entraine une expérience d’aliénation caractérisée par des effets de longue durée, parfois sur plusieurs siècles. Les Chrétiens d’Orient : histoire et identité

     

    Le professeur N. Zakka (Lille III) nous a magistralement exposé les deux modèles d’implications d’Amîn al-Rihânî (1876-1940), idéologue du nationalisme arabe, de l’identité arabe et de la nécessité de construire un état moderne et unitaire et de Michel Aflaq (1910-1989), qui place l’expérience et le savoir au cœur de l’action et dont le programme met l’accent sur les vertus morales et la liberté. Mgr Pascal Gollnish, directeur de l’Œuvre d’Orient, a prononcé l’allocution de clôture de ce colloque.

     


  • Institut Catholique de Toulouse :

    Amitié Franco-Libanaise. La soutenance de thèse de l’Abbé Pierre TANIOS.

     

     

                Soutenir une thèse relève de bien des motifs : assurément, sa présentation au jury constitue un moment fort, en premier lieu pour le candidat. Si la confiance dans le verdict final teinte généralement la tension de l’épreuve, on peut s’attendre, en tant que plus ou moins proche de l’impétrant, à partager la joie de lauréat. Ce 30 septembre dernier, l’évènement revêtait un côté peu commun. En effet, l’auditorium de l’Institut Catholique de Toulouse accueillait Monsieur l’Abbé Pierre TANIOS ; devant le chapitre de la Faculté de droit canonique de l’Institution, ce jeune prêtre soutenait sa thèse, conclusion d’un travail passionné, éclairé, attentif de plusieurs années : «AUTORITE ET SYNODALITE DANS LES EGLISES ORIENTALES CATHOLIQUES – Entre primat romain et patriarcat oriental». Quelques mots du mémoire proprement dit : Le sujet est d’actualité ; il envisage la perspective dans laquelle nous pouvons réconcilier les différents rites des Eglises orientales catholiques, en appliquant le même code, ceci tout en respectant la particularité de chaque Eglise et son droit propre. Cette recherche préserve l’unité des Eglises orientales catholiques grâce au régime de la synodalité, approuvée et confirmée par le Codex Canonum Ecclesiarum Orientalium, animée et guidée par l’Esprit Saint.

               Soutenance de thèse de l'abbé Pierre TANIOSLe jury autour du Président, le Père Loïc LE BOT, Doyen de la faculté de droit canonique de Toulouse : Monsieur le professeur Bernard CALLEBAT, directeur de l’Ecole Doctorale, Monsieur Philippe LECOMTE, docteur en droit canonique, enseignant à l’Institut, ainsi que Monsieur l’Abbé Sylvain KIKWANGA, docteur en droit canonique et juge ecclésiastique de la Province de Toulouse, Maître Ludovic SEREE de ROCH, avocat à la Cour, Membre de la Direction Scientifique de la Faculté de Droit canonique (représentant officiellement la Province de Toulouse). Ce sont avant tout, la personnalité et le contexte du soutenant qui méritent précisions. Monsieur l’Abbé Pierre TANIOS est prêtre maronite, installé à Tripoli du Liban. Il paraît donc particulièrement qualifié pour aborder un tel sujet. Mais c’est la rencontre entre cette «terre d’Outre-mer» (au demeurant chère aux comtes de Toulouse), et l’Institut, en premier lieu ses professeurs qui frappe avant tout. Plus que le passé riche entre nos deux provinces, l’actualité justifie une attention grandissante vis-à-vis de ces relations. Chrétiens du Liban, qui êtes-vous ? A ce jour que devenez-vous ? Nous, particulièrement, chevaliers et dames du Saint Sépulcre, avons-nous un rôle à jouer, dépassant peut-être la simple solidarité d’intention, là, en ce moment ? Si oui, en avons-nous les moyens ? Faut-il les attendre ? Et puis au-delà, et simplement, que vont devenir les chrétiens du Liban ? Autant de questions que les nombreux auditeurs présents à Toulouse ce jour-là, devaient, mentalement au moins se poser. Dans le public, de nombreux chevaliers et dames et responsables de notre Ordre. Parmi eux, tout nouvel adoubé à Rome, notre confrère le Docteur Jean-François GOURDOU, Président de l’Académie du Languedoc (officiellement représentée). Présents également, des membres de la communauté libanaise chrétienne, au premier rang desquels, deux évêques : Monseigneur Nasser GEMAYEL, Premier Evêque de l’éparchie ND du Liban à Paris, des maronites pour la France et l’Europe septentrionale et occidentale, et Mgr Mounir KHAIRALLAH, Evêque de Batroun, venus tout spécialement du Liban, assistance donc remarquable à plus d’un titre. A l’heure où la notion de Terre Sainte s’impose à nous par l’acuité des tensions sur place, l’exil potentiel des chrétiens et la question envisagée de l’action au-delà du Patriarcat latin de Jérusalem, ces relations, en dehors de leur caractère chaleureux, présenteraient un grand intérêt.

    Soutenance de thèse de l'abbé Pierre TANIOS

     

    Relations que nous suivrons par l’intermédiaire de ces contacts désormais privilégiés. Réunis en soirée afin d’honorer et jury et nouveau docteur, autour d’un excellent buffet libanais, ce qui nous a marqués plus que la joie de nos nouveaux amis, ce sont, et la fermeté de leur foi, et leur rayonnement. Quel témoignage ! A Monsieur l’abbé Pierre TANIOS, sa famille, leur communauté, nous adressons un immense merci : que leur joie irradiante, nous guide et nous serve d’exemple comme témoins généreux et sereins du Christ, notre sauveur.

     

    Marc DUTRENOIS

    Chevalier du Groupe de l’Ariège





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